Ta maison

Chers joueurs,

Ici sera donc la maison de Arya, en pierres et en bois. C'est la première maison construite dans la vallée...

Bon jeu à tous !
L'équipe

Impression d'une fin de printemps. Soleil eclatant, ciel bleu, plaine illuminée: tout semble reuni pour faire de cette journée une periode d'exception
Contre le vent, une jeune elfe est juchée sur sa jument blanche. Depuis des heures, celle-ci galope tres rapidement, elle est fatiguée mais pas question de s'arreter, ni meme de faire une pause. Elles le savent: leurs vies depend de la vitesse a laquelle ils semeront leurs poursuivants. Si elles y parviennent.
Les cheveux roux de la jeune fille flottent derriere elle, emportés par le vent comme un etandard, decouvrant ses oreilles fines et pointues. Ses grands yeux verts scrutent le paysage en quete d'un echapattoire, sans rien decouvrir cependant. Sa peau blanche tranche sur le vert de la prairie. A son flanc gauche bat le pommeau doré d'une epée, de l'autre etincelle la lame fine d'une dague, et dans son dos bat un carquois rempli de fleches, ainsi qu'un arc. Ses mains sont recouvertes de gantelets argentés.
La robe de sa jument est blanche, sa criniere blond pale. Ses yeux d'un bleu profond petillent d'intelligence, mais egalement d'une certaine delicatesse.
L'elfe etait penchée en avant, comme si cela pouvait avoir une quelquonque influence sur leur allure, mais elle tient les renes presque laches. Elle ne sais pas ou aller, mais sa jument sait, tout comme elle, qu'il faut qu'elles aillent le plus loin possible. Aussi n'a-t'elle rien de plus a lui indiquer que galoper, encore et encore, vers un but inconnu...
Soudain, un eclat que l'elfe prit pour une armure la fit sursauter. Effrayée, elle tira un coup sec, faisant se cabrer sa belle jument. Avaient ils reussis a la devancer? Comment?
Mais, face a elle se devoila, ce qu'elle avait pris pour une presence ennemie, un grand lac, sur lequel se miroitait l'eclat du soleil. L'entourait une dense foret, une plaine d'un vert magnifique, une autre d'un rouge soutenu, des montagnes effilées et un desert brulant. Ce magnifique domaine etonna les fuyardes. De plus, l'elfe sentait des presence, qu'elle identifia comme celles de creatures fantastiques. Elle appercut une maison.
"A ton avis, qui se cache a l'interieur? Licornes ou loups-garous?"
"Je ne sais pas. repondit sa jument. Amis ou ennemis, comment le savoir?"
"Cela m'etonnerait que des loups-garous s'emcombre d'un tel terrain..."
Coupant leur reflexion, le bruit d'une cavalcade resonna dans leur dos.
"Nous n'avons pas le choix!''
Sitot cette phrase prononcée, la jument galopa plus vite que jamais, s'engouffrant dans le present domaine, en direction de la maisonnette.
"Qui sais ou nous sommes tombées..." soupira l'elfe
Elles s'arreterent a quelques metres de la porte et elle descendit de jument. Maitenant qu'elles s'etaient enfoncées dans la plaine; elles n'avaient d'autre choix que de signaler leur presence. Regle fondamentale de savoir-vivre oblige. Elle s'approcha a pas lents et mesurés, menant sa jument derriere elle.
Elle leva la main, serra le poing et cogna. Trois grands coups.

Durant son attente, elle se retourna, juste a temps pour voir les hommes qui la pourchassaient s'arreter. Respectant sans doute la neutralité du terrain d'une tierce personne et l'eventuelle menace de sa presence, ils firent demi-tour. Toutefois, l'elfe sentit longtemps le regard du "chef" fiché dans le sien.Elle savait ce qu'il signifiait. Ils l'attendraient et si elles sortaient, ils s'occuperaient d'elles sans aucun scrupule.

Trois coups.
Et ce fut tout.

Je posai la main sur le fourreau de mon épée, pendue à ma ceinture. J'étais seule. Qui pouvais donc me rendre visite ?

"Tiens-toi prêt." Murmurai-je mentalement à Téméraire, qui volait un peu plus loin.

Je savais qu'il ne lui faudrait que quelques minutes pour arriver. Pourtant, je ne pressentais pas de danger. Un ennemi, quel qu'il soit, n'aurait sans doute pas pris le temps de frapper.
Alors que je m'approchai à pas mesurés de la porte, j'entendis également un ronflement familier ; celui d'un cheval essoufflé.
Mon esprit s'étendit au dehors, et je sentis la présence d'une autre. Une elfe.

J'eus un court instant de soulagement. Mais l'image d'Elia me rappela que même mes semblables pouvaient être de l'autre camp.

Il y eut soudain un grondement guttural au dehors, et le souffle puissant de l'air brassé. Téméraire était là. J'ouvris la porte d'un mouvement vif, tandis que le saurien noir se posait face à la nouvelle venue.

Elle avait des cheveux flamboyants, sous lesquels brillaient deux yeux couleur d'émeraude. Sa peau était pâle malgré ses joues rosies par le vent. Près d'elle se tenait une jument blonde au pelage de neige, les flancs creusés et luisants, comme si elle venait de faire un effort important.

Quand je croisai le regard de l'inconnue, je compris qu'elle serait des nôtres.
Aussi pris-je la parole.

"On ne frappe pas chez un inconnu sans raison. Qui es-tu ."

Entre elfes, nous pouvions bien nous tutoyer. Mais, même si un semblant de confiance s'installait, l'ombre imposante de Téméraire veillait.

J'attendis quelques instants, dans une angoisse grandissante.
Soudain, j'entendis derriere moi un grondement puissant. Terrifiant. Voyant devant moi, une immense creature ailée, noire comme la nuit, je tressailis. Je reconnu un dragon, comme ceux des livres d'image qui avaient bercés mon enfance. Mais n'en ayant jamais vu, j'etait terrifiée. L'avais-je offensé?
Soudain, j'entendis la porte s'ouvrir. Soulagée, je vis une elfe avancer vers moi, mais je m'appercus qu'elle gardait la main posée sur son épée.
Sous ses longs cheveux sombres, ses prunelles me devisageaient, et je me rendis compte combien je devais faire piètre impression. Je me sentis rougir -couleur qui, en outre, jurait atrocement avec mes cheveux- tout en tentant d'arranger ma chevelure desordonnée par le vent.
Soudain, l'elfe prit la parole, tandis que son dragon me couvait du regard.
"On ne frappe pas chez un inconnu sans raison. Qui es tu?"
Ces deux phrases me permirent de me rendre compte d'une foule de petite chose.
Premierement, je devais etre encore plus rouge qu'avant.
Deuxiemement, elle etait mefiante. Y'avait il des elfes "mechants"?
A moins que ce ne fut elle qui soit cruelle?
Troisiemement, l'ombre de son dragon me recouvrait toujours. Donc, je ne pourrais ni m'echapper, ni me defendre si besoin etait.
Enfin, elle m'avait tutoyée, alors qu'on ne se connaissaient pas. Etait-ce la tradition, entre elfes?
Ne sachant pas, je me decidais a lui rendre la pareille.

"Heu... Excuse moi... C'est que, en fait, j'etais poursuivie par des hommes, enfin heu... Des soldats d'elite d'Arthasis... Enfin, heu, il est bien loin d'ici et tu ne dois pas connaitre et...''

Le dragon me faisait perdre mes moyens autant que le regard pale de l'autre elfe posé sur moi. Je racontais n'importe quoi, et elle risquait de me faire quitter son domaine sans autre forme de procès. Apres tout, j'etait entrée sans permission, et je la derangeais par un galimatias sans queue ni tete. Je soupirais.

"En fait, je me suis echappée d'une ville et Tchaï -ma jument- galope depuis des heures, d'ailleurs nous somme perdues. Et il y a des hommes a mes trousses, qui veulent me tuer ou me rammener la-bas, et on ne peut pas y aller, parce que... C'est une longue histoire."

Lorsque je regardais mon interlocutrice, je compris que je ne l'avais pas convaincu. Son dragon non plus d'ailleurs. Ce qui etait normal, etant donné que mon discours etait incomprehensible par qui que ce soit.

"Mais, je n'ai rien fait du tout, cet homme me hait parce que je suis née en etant... moi. Heuuu... Je m'appelle Altaïr."

Pitoyable. J'avais vraiment peu de chance de rester protégée dans ce domaine plus longtemps. Pourtant, j'avais trouvée une presence amicale, je le sentais. Ou plutot, une presence qui ne m'etait pas hostile, contrairement a ces hommes qui me haissaient parce que je portais un tatouage sur le poignet depuis ma naissance.

Les mots de cette inconnue ne firent qu'attiser ma curiosité. Je la laissais parler. Elle évoqua d'étranges noms, sans doutes issus du territoire d'où elle venait. Me faisait-elle confiance ? Je n'y aurais pas mis ma main au feu...

"Tu dis qu'il y a des hommes à tes trousses ?" Murmurai-je, plus pour moi-même que pou Altaïr.

"Les cavaliers qui la suivaient ont rebroussé chemin." Gronda Téméraire dans mon esprit.

Je hochai la tête discrètement. Sans lui laisser le temps de répondre à ma précédente interrogation, je lui fit signe de s'approcher.

"Bienvenue dans la Vallée Fantastique." Lui lançai-je simplement.

Ses yeux verts semblèrent soudain moins inquiets. Mais cela n'allait pas durer. Il y avait une partie de la vallée qui n'hébergeait encore personne...

"Téméraire va te mener jusqu'à l'endroit où tu pourras t'installer. Je vous suis. Là, tu pourras me raconter..."

"Bienvenue dans la vallée fantastique"

La vallée fantastique etait sans aucun doute son domaine, entouré de plusieurs autres -du moins je le supposais.
A ces paroles, je me detendis soudain. J'avais pris des risques en en racontant autant, mais desormais, je pensais que j'avais bien fait. L'elfe etait curieuse et voulait en apprendre plus. De plus, peut-etre que je m'etais fait une precieuse alliée. Ce n'etait pas des arcs et des flèches qui allaient reussir a ebranler un dragon.
Mais il ne fallait tout de meme pas trop en devoiler, c'est si facile de s'attacher la confiance de quelqu'un... A ces pensées, le doute me repris. Je vivais dans un monde de doutes et de mensonges.

"Téméraire va te mener jusqu'à l'endroit où tu pourras t'installer. Je vous suis. Là, tu pourras me raconter..."

Temeraire. Le dragon? Ca lui allait bien comme nom. Et puis je me rendis compte du reste de la phrase.

"M'installer?"

Je n'en esperais pas tant! Avoir une maison a moi seule, avec Tchaï, sans surveillance? Etait-ce possible? Je faillis demander s'il y allait avoir assez de place pour ma jument puis je me ravisais Je verrais bien sur le moment... et puis je paraîtrais impolie.

"Qu'est ce que tu en penses, Tchaï? Ca me semble une bonne idée de s'installer un peu plus loin, non? Il y aura sans doute une ecurie et de l'herbe et..." songeais-je

Je n'en avais aucune idée, mais j'esperais que ce serait le cas. J'attendis une reponse pendant quelques secondes mais elle ne vint pas. Paniquée, je me retournais vers ma jument. Que se passait-il?
Alors mon regard croisa le sien,et je compris qu'elle etait tellement epuisée par notre course folle qu'elle n'avait meme plus la force de me repondre. Je m'en voulus terriblement de lui avoir fait subir ca.
Je me retournais vers l'elfe, esperant qu'elle aimait les chevaux et savait s'y prendre avec les animaux.

"Euh, s'il te plait... Ma jument est tellement fatiguée qu'elle ne peut plus me repondre... Est-ce que, enfin, est-ce qu'on pourrait faire quelque chose avant de se mettre en route a nouveau?"

Je pense qu'a ce moment-ci, je lui ai lancé un regard suppliant. Je devais vraiment lui faire pitié.

Mon coeur se serra quand mon regard tomba de nouveau sur la petite jument blanche, épuisée. Oui, je pouvais faire quelque-chose pour elle. mais quelqu'un d'autre en était sûrement plus capable que moi...

Je m'approchai de la jument, qui pointa les orielles vers moi. Ignorant ses frémissements, je posai la main sur son encolure de cygne luisante. Il y eut une fugace lumière blanche, tandis que je lui transférai un peu d'énergie. Il fallait attendre la venue de quelqu'un de plus compétent. Cavale se chargerait sans doute de la missive.

J'étendis de nouveau mon esprit - Altaïr bloqua un instant sa respiration quand j'effleurai le sien - et le refrain familier appela ma licorne...

"Cavale ?"
"Je suis là..." Murmura-t-elle mentalemnt, lointaine.
"File comme le vent et préviens Louna que nous avons besoin d'elle. Au plus vite, je t'en prie. Une de tes camarades ne se porte pas bien."

Il me sembla entendre le son de ses sabots martelant le sol, alors qu'elle hennissait dans mon esprit.

"Je vais faire vite !"

Et elle se tut. Je rouvris les yeux. Je me doutais que Louna ne tarderait pas, et je fis signe à Téméraire de s'approcher. Puis je me ravisai.
Altaïr ne nous faisait peut-être pas encore tout à fait confiance.

"Peux-tu garder un contact avec ta jument lorsque vous êtes éloignées ?" Lui demandai-je.

Question dont elle devait déjà en deviner les débouchés. Je la vit se crisper. Visiblement, elle n'appréciait pas de devoir se séparer de sa jument...

J'avais vue, fascinée, l'elfe utiliser ses pouvoirs pour rendre un peu d'energie a ma jument.
Puis je sentis son esprit glisser sur moi -sensation que je trouvais sur le moment tres desagreable. Mais il ne s'attarda pas et je compris qu'elle tentait de contacter quelqu'un qui pourrait aider Tchaï.
Je n'osais d'ailleurs pas lui parler, ayant peur de l'epuiser encore plus.
Enfin, elle ouvrit les yeux et prit la parole.

"Peux-tu garder un contact avec ta jument lorsque vous êtes éloignées ?"

J'avalais ma salive. Je n'aimais pas etre separée de ma jument, ne serait-ce que pour une instant. A vrai dire ce ne m'etait arrivée que rarement. Aussi loin que je me souvienne, mon existence d'elfe s'etait toujours deroulée a ses cotés.
Soudain, je me demandai pourquoi elle avait posé la question. Cela semblait pour moi une evidnce: meme eloignées nous n'avions jamais perdu le contact et la voix de Tchaï avait toujours resonné aussi nettement dans ma tete.

"Bien sur que oui. Ou est-ce qu'elle va? Ne puis-je pas venir avec elle?"

Ambre galopait depuis un bout de temps, et toujours pas trace de la maison. Inquiête, je m'avanturais dans la recherche de quelqu'un mentalement. Brusquement, je demandais l'arrêt à ma monture en reculant mon buste. Cela faisait peu de temps que cette simple inclinaison changait quelque chose pour Ambre et j'en étais contente. Mais pour le moment, impossible de trouver parmis tous les arbres.
Puis, un soufle d'air passa dans ma tête. "Arya !!"
"Oui, vient vite, c'est tout droit !!"
"J'arrive."
Ce que je vis en arrivant me désola. La pauvre, elle est épuisée. Il y a du avoir quelque chose de terrible pour qu'elle ai eu besoin de galoper comme ça, au point de ne pouvoir tenir debout. Puis, je vis l'elfe qui s'était agenouillée à ses côtés. Elle était elle aussi épuisée, mais la peur de perdre sa jument l'empêchait de voir sa fatigue. Elle était trop sur les nerfs.
Que de travail en perspective... "Arya, peux-tu donner à boire à la demoiselle qui est là ? Elle ne va pas tenir très longtemps comme ça. Il faut qu'elle se repose, et surtout qu'elle s'éloigne un peu de sa jument, elle lui communique son anxiétée involontairement."
Elle s'exécuta, mais je ne me souciais déjà plus de ce qu'elle faisait. je lui faisait confiance, et la pauvre jument avait besoin d'aide.
Doucement tout en lui parlant, je m'approchais donc de la belle, elle était couchée, trop fatiguée pour me voir, mais elle sentait encore toutes les personnes et le stress autour. Je me forçais donc à respirer calmement et à ne penser qu'à elle. j'étendis mon espris au sien, et j'essayais d'adopter ses pensée. Surtout, ne penser que comme elle, transformer les mauvaises pensées en bonne pensées positive, lui faire oublier la journée, lui transmettre mon énergie... Puis, plus rien. le noir.

Quand j'ouvris enfin les yeux, il faisait jour, je me sentais fatiguée, comme si j'avais courru toute la nuit. Arya et Altaîr étaient à mes côtés, elle semblaient inquiêtes alors qu'il n'y avait aucun lieu de s'inquiéter, Tchaï était sauvée.
Mais cette dernière dormait profondément. Elle en avait besoin, et je demandais à Ambre de se coucher près d'elle pour la réchauffer, le temps qu'elle récupère sa température normalle perdue par manque d'énergie.

Mon coeur fit un bond quand, en sortant de la maison - j'y avais invité Altaïr pour qu'elle se repose un peu -, je vis Louna étendue au sol.
Mon amie n'avait pas tardé à arriver après mon appel et s'était tout de suite occupée de la jument.

"Louna ?"

Je m'approchai d'elle et la pris dans mes bras pour la porter jusqu'au mur de la maison, contre lequel je la redressai. Elle semblait endormie, mais un sourire flottait toujours sur son visage.
La jument était toujours étendue au sol, mais sa respiration s'était faîte plus régulière, et l'écume avait cessé de couler au coin de ses lèvres.

Il fallut quelques instants à Louna pour reprendre conscience. Altaïr nous rejoignit. A l'expression de Louna, je devinai que tout allait bien et, même si elle l'avait sûrement deviné, je lançai à Altaïr :

"Ta jument est sauvée !"

A mon grand suolagment, je n'avais pas eu a etre separée une seule seconde de ma jument. La suite des elements l'avait empechée d'effectuer le moindre mouvement.
Epuisée, celle-ci s'etait effondrée et j'avais priée pour une arrivée prompte de secrous, quelques fut-ils, agenouillée a ses cotés.
Puis j'avais vu une autre elfe arriver. Je vis ses yeux se glacer lorsque son regard croisa celui de Tchaï. Elle devait me prendre pour une bien pietre maitresse. Je m'appretai a lui expliquer ce qui s'etait passé, lorsqu'elle demanda d'une voix pleine d'autorité a Arya de me donner de l'eau et de m'eloigner. Je communiquais mon angoisse a ma jument- bien qu'involontairement. Decidement, je faisait tout pour que Tchaï aille de travers aujourd'hui!
Arya me mena chez elle, afin que je me repose quelques instants. Nous sortimes quelques minutes plus tart et, surprises, nous vimes la jeune guerisseuse -Louna- etendue au sol, ainsi que Tchaï, qui dormait.
Bizarrement, meme si je n'avais pas pris de repos, je me sentais moi aussi en pleine forme, et beaucoup plus detendue.
J'avais les yeux rivés sur elle, tout en m'inquietant pour la nouvelle venue, lorsque la voix d'Arya me surprit:

"Ta jument est sauvée"

Bien sur, sa precision etait inutile, bien que reconfortante. Je savais que Tchaï dormait maintenant d'un sommeil appaisé et Louna avait l'air en pleine santé. Je me rejouis, heureuse que cette histoire ce soit terminée si vite et de maniere si efficace.

"Merci beaucoup a toutes les deux. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous, ni combien de temps nous aurions continué a fuir. Je ne sais pas plus dans quel etat Tchaï serait maintenant."

Je me tournais vers Arya:

"Je te remercie infiniment de m'avoir aidée avant meme de me connaitre. Je te remercie de m'avoir permi de rester dans ton domaine sans y avoir ete invitée. Et surtout, je te remercie d'avoir appelé de l'aide pour une jument que tu ne connais pas."

Puis, je fixai Louna:

"Merci infiniment d'etre venue si vite. Merci d'avoir tout donné pour ma jument sans rien attendre en retour. Merci de l'avoir sauvée"

Enfin, je me tournai vers Temeraire, le dragon d'Arya. Meme lui ne me faisait plus peur desormais. Soulagée, avec un grand sourire, j'achevais de parler:

"Merci de ne pas m'avoir tuée quand je suis arrivée"

Puis je m'assis a coté de Tchaï, la couvant du regard et demelant doucement sa criniere blonde.

Quand j'entendis "Ta jument est sauvée", je commençais à me redresser. J'avais encore les jambes en coton, mais je pensais pouvoir tenir. C'est avec bonheur que j'arrivais à me mettre debout. Puis, étonnée des remerciement que commençait Altaïr, je me tournais vers elle :
"Tu sais, quand on me demande quelque chose pour soulager un être vivant, je suis là même si il faut pour cela que je donne tous. Tu n'as pas besoin de me remercier, c'est un peu égoïste de ma part, mais ça me fait du bien de savoir que j'aide les personnes."Puis, je m'approchais d'elle et lui tendis la mains :
"Bienvenu parmis nous. Bienvenu dans la Vallée Fantastique."
J'espèrais du fond du coeur qu'elle accepterait de rester avec nous, plus on est mieux c'est.

Louna s'etait redressée. Quand j'avais commencé a la remercier, j'avais surpris son regard etonné mais je ne m'etais pas arretée. Pas maintenant que j'avais retrouvé mes facultés d'expression habituelles! Et puis pour moi, ce n'etait que normal. Puis elle prit la parole:

"Tu sais, quand on me demande quelque chose pour soulager un être vivant, je suis là même si il faut pour cela que je donne tous. Tu n'as pas besoin de me remercier, c'est un peu égoïste de ma part, mais ça me fait du bien de savoir que j'aide les personnes."

J'avais vu pire, question egoïsme!
Elle s'approcha de moi, tendant sa main vers les miennes.

"Bienvenue parmis nous. Bienvenue dans la Vallée Fantastique."

Je ne reflechis qu'une fraction de seconde. On m'etait venu en aide et maintenant on me proposait un gite. On m'offrait de vivre au milieu de creatures impressionantes, entourée d'elfes comme moi -chose impossible d'ou je venais. J'avais hate d'en apprendre plus sur cette fameuse vallée fantastique et deux de ses habitantes semblaient m'avoir deja accepté. Je n'avais de plus aucun autre endroit ou aller.
C'est donc avec plaisir que je mis la main dans la sienne, mon visage s'eclairant d'un sourire. Je vis le sien se detendre et j'en conclus qu'elle etait sans doute heureuse de nous accueillir dans la Vallée.

"Merci."

Je me sentis brievement ridicule, a repeter toujours les memes mots. Pour me redonner contenance, je me relevais et fixant Arya.

"Je sais que tu m'as proposé tout a l'heure, mais les faits sont un peu differents maintenant, alors je voudrais savoir... Si tu nous acceptais parmi vous?"

J'eus un léger sourire. Les autres elfes de la Vallée me considéraient comme leur meneuse, du fait que j'y soit née. Même si ce n'étais pas de ma volonté, je devais avouer que, parfois, cette charge pouvait aussi apporter bien des moments de bonheur. Comme celui-ci.

Je m'approchai à mon tour de Altaïr pour poser la main sur son épaule tandis que, dans notre dos, la jument se relevait doucement.

"Les étoiles t'ont menée jusque ici. Ta destinée est maintenant mêlée aux nôtres. Bienvenue parmis nous."

Téméraire poussa un grondement et je l'entendis lancer dans l'esprit de notre nouvelle camarade une phrase de bienvenue. La confiance était accordée.

Durant un instant, le visage d'Elia apparut dans mon esprit. Traîtresse.

Mais Altaïr ne nous trahirait pas. Tout son être respirait ce Bien qui manquait tant à notre plus grande ennemie.
Maintenant, il allait falloir qu'elle trouve elle aussi son domaine.

Je m'approchai doucement de sa jument blonde et posai ma main sur son encolure, pour lui murmurer :

"Vole, Tchaï. File aussi vite que le vent. Quelqu'un vous attend."

Cette dernière poussa un grondement approbateur, tandis que ses grands yeux d'azur me dévisageaient. Altaïr allait devoir trouver son domaine seule.
Ou presque...

Elle avait parlé des etoiles. Et de la destinée. Ca avait remué quelque chose au fond de moi, mais je ne trouvais pas quoi.
J'entendis a peine la phrase que prononca Temeraire, je compris seulement qu'il m'accordait sa confiance pour un temps, jusqu'a ce que, bien sur, j'ai fait mes preuves.
Jusqu'au moment ou elle s'approcha de ma jument, je n'arrivais pas a comprendre l'enorme et etrange sensation que je ressentis a ce moment la.

Soudain, mon esprit s'eclaira. Brusquement, je compris. Elle avait employé exactement les memes termes que ma tante.
Orséis l'Oracle d'Ambrio.
La femme qui m'avait prise en charge durant les premières années de ma vie. Celle qui prevoyait l'avenir lors de transes aussi spectaculaires que dangereuses -pour elle. Celle qui avait recu un don des Dieux et qui etait plus sensible aux Mysteres que n'importe quelle autre femme de la region, voire du pays. Celle qui n'avait jamais accepté de me delivrer ce que l'avenir me reservait et ne parlais qu'a contrecoeur de mon passé, ainsi que de l'histoire qui se cachait derriere moi.

Je fermai lentement les paupieres et son image s'imposa a mes yeux. Une femme a la peau matte, aux yeux et aux cheveux noirs, portant des vetements larges aux couleurs bigarrées et des tresses perlées voletant en tout sens marquèrent mon esprit.
Je me souvins de notre premiere rencontre. Ses yeux etaient pleins de larmes et jusqu'a mon depart, elles n'avaient jamais disparu.

Je n'avais pas beaucoup pensé a elle depuis longtemps -depuis mon emprisonnement, en fait. Peut-etre serait-il un jour temps de lui rendre visite, pour peu que les Kryons' ne l'ait pas forcée a partir.

Le souvenir des Forces Noires me revinrent. Decidement, cela non plus n'etait pas possible. Ou que j'aille, j'étais traquée. Ou que je soit, des hommes me poursuivaient, voulant m'asservir, pretextant un pacte malheureux dont j'etais la victime et auquel on voulait que je me soumette. Un desir de revolte me surprit.

Seulement voila: c'etait ma Destinée. Payer pour la fugue stupide de ma propre mere. Voila la seule chose qu'Orséis m'avait devoilé.

J'avais tout perdu, a cause d'un pacte...

Ce fut ma jument qui interrompit le fil de mes pensées, en approchant sa tete de mon visage. Je surpris son regard inquiet et me rendis compte que j'avais bloqué l'acces a mes pensées, et donc toute discussion possible. Je tachais de ne plus penser a mon passé et de me concentrer sur la situation présente.

"Oui? Que se passe-t-il?"

Sa voix delicieuse resonna, claire comme du cristal, une fois de plus.

"Quelqu'un nous attend. Nous devons partir. Arya a promis que nous trouverions notre domaine. Seules."

Elle reprit d'une voix douce.

"Je me sens capable de galoper durant des heures. Notre role ici est termine - pour l'instant. L'endroit en question ne devrait pas etre loin d'ici. Allons-y, je te prie. N'abusons pas de l'hospitalité d'Arya"

A ces paroles, je me hissais sur la selle. Jetant un regard sur les deux autres elfes:

"Nous allons chercher ce fameux domaine. Mercia vous deux. A bientot!"

Nous partîmes au galop, et j'ignore ce qu'elle firent: je ne me retournais pas.

En voyant Altaïr ne plus bouger, je m'étais inquiétée, et visiblement je n'étais pas la seule : sa jument s'était approchée avec un regard interrogateur et surpris, et j'en déduisis que Altaïr avait eu un flache-back. Je n'eus pas le temps de souhaiter bonne chance à Altaïr et sa jument qu'elles étaient déjà loin. Je me tournais donc vers Arya pour lui demander ce qu'elle pensait de la nouvelle arrivante. Pour moi, elle était le bien incarné, quelqu'un qui pourrait peut-être nous délivrer. C'est donc avec un regard interrogateur que je me mis à la fixer.

"Ce n'est pas elle." Murmurai-je simplement.

Oh, qui étais-je pour prétendre connaître qui Elle est ? Personne. Mais un léger pressentiment me l'avait fait savoir.
Elle nous aiderait, se rallierait à notre cause, mais ce n'était pas Elle...

Celle qui Marche dans les Etoiles.

Qui était-ce donc ? Les fils du destin s'entremêlaient de plus en plus, et je ne ressentais plus avec la même sérénité le futur. J'appréhendai l'avenir, et j'avais toutes les raisons de le faire.

"Elle sera une bonne camarade, j'ignore quel rôle elle jouera dans cette histoire... Espérons ne pas avoir refais deux fois la même erreur..."

Elia.

Ce nom jaillit en même temps dans nos pensées, j'en fus sûre ! Et tant de souvenirs sinistres avec...

Quand j'entendis "Ce n'est pas elle", un sentiment de déception m'envahit. Pour moi c'était le début d'une ère nouvelle qui s'offrait à nous, une possibilité de renouveau et surtout une possibilité de se racheter après la faute que nous avions commise...

Elia

je la voyais tendue, elle appréhendait le futur c'était visible et prévisible. tant d'assurance ne pouvait pas perdurer.

Pourquoi tant de déception quand on sait que ce n'est pas donné de sauver la Vallée quand bon nous semble ? Mais l'espérance d'une personne pouvant vraiment nous aider et jouer un rôle ultra important ne me quittait pas depuis ce jour... La visite du griffon.

Celle qui Marche dans les Étoiles ce faisait attendre, et je m'en inquiétais.

Je repensais une dernière fois à Elia et ce qu'elle avait fait, puis je demandais
"Y-a-t-il encore quelque chose que je peux faire pour t'aider Arya ?"

" Reste mon amie. Et celle de la Vallée." Laissai-je échapper.

Une pensée fugitive avait franchi mes lèvres. Pensée d'espoir. Espoir de renouveau, de paix.
Mais les espérances déçues, nous en avions déjà eu notre lot.
Aussi finis-je par lancer :

"Je ne sais pas... Je vais sans doute rendre visite à Cavale. J'aimerais discuter de ce qui vient de ses passer avec elle. Elle saura me conseiller. Peut-être devrais-tu en faire autant avec Vif-Azur ?" Proposai-je.

Ce n'était - et elle le comprit - pas une manière polie de la congédier. Mais nous devions songer à ce qui allait désormais arriver. Durant un instant, la pensée d'envoyer un espion sur les terres d'Altaïr m'assaillit. Mais je la repoussai.

"Où est passée ta confiance d'antan ?" Songeai-je amèrement.
"Elia te l'a brûlée." Murmura une petite voix dans ma tête.

Et elle avait sans doute raison.